Selon la BCT, cette conjoncture internationale «demeure marquée par la poursuite des fluctuations des marchés financiers et des changes, la hausse des prix des produits de base et la montée des inquiétudes liées aux retombées de ces facteurs sur l'activité économique dans le monde. Ces évolutions ont poussé les autorités monétaires dans les principaux pays développés à intervenir d'urgence et de manière concertée pour injecter sur les marchés un volume sans précédent de liquidités afin de circonscrire les effets de ces évolutions et d'éviter la récession de l'économie mondiale. Dans ce cadre, la Réserve fédérale américaine a décidé de baisser son principal taux d'intérêt directeur et d'offrir la possibilité d'échanger les titres de créances commerciales contre des bons du Trésor et ce, pour fournir des liquidités suffisantes aux places financières et leur permettre de surmonter la situation difficile dans laquelle elles se sont trouvées». La BCT ne le dit pas, mais les spécialistes financiers ne se le cachent plus [l'exemple en a été donné lors du dernier séminaire de l'Amen Bank le jeudi 27 de ce mois avec un Ahmed El Karam qui a été plus explicite à ce sujet] ; l'économie américaine cours vers une récession avec un impact probable sur l'économie européenne et par là sur l'économie tunisienne !
Un communiqué pas comme les autres !
Sur le plan national, le communiqué des argentiers de la BCT reste dans les généralités, ne donnant aucune indication, comme il le faisait d'habitude, sur l'évolution de l'inflation qui frisait en février les 6 % et où il se limite à évoquer le glissement, ne donnant non plus aucune indication sur les traditionnels ratios qu'on trouvait d'habitude, tels que la progression des avoirs en devises ou les équilibres globaux de l'économie tunisienne. Le communiqué de la réunion du Conseil d'Administration de la BCT se limite à souligner que «la progression de l'activité économique s'est poursuivie comme le montre l'accroissement des exportations de biens et services, mais la conjoncture internationale et ses répercussions éventuelles sont de nature à exercer des pressions accrues sur le rythme de l'activité et sur les équilibres globaux tant intérieurs qu'extérieurs».
Pour la première fois, les argentiers ne donnent pas des chiffres, mais des orientations, non pas financières, mais plus macro que micro-économiques. Cette situation, disent-ils «requiert l'intensification des efforts par l'exploitation optimale des capacités disponibles dans tous les secteurs, l'amélioration de la productivité et la maîtrise des coûts de production afin de renforcer la compétitivité de l'économie, de manière à atténuer les effets de la conjoncture mondiale».
L'inflation sera-t-elle le fait marquant de 2008 ?
Côté prix, on apprendra, comme cité plus haut que «le glissement enregistré depuis le début de 2008 est estimé à 0,4%, soit un rythme supérieur à celui de l'année précédente, sous l'effet, notamment, des tensions inflationnistes mondiales».
On apprendra, par le biais de l'Observatoire de la conjoncture économique, dépendant du ministère du développement économique que «en février, l'indice des prix à la consommation des ménages baisse de 0,3%. L'inflation reste relativement stable à 5,7%, après 5,8% en janvier. L'inflation sous-jacente, au sens de la tendance commune des prix relatifs, s'est quant à elle affichée à 4% après 4.2% en janvier. Le repli de l'indice des prix à la consommation au mois de février s'appuie principalement sur une baisse des prix du poste habillement (5,7%), en raison des soldes d'hiver. Ce mouvement s'est néanmoins accompagné de diverses hausses sur la plupart des autres rubriques de l'indice.

Les prix de l'alimentation augmentent de 0,3% en février après trois mois d'accélération marquée. Les prix du transport restent sur le même rythme de croissance annuel assez soutenu du mois de janvier, à savoir 5,2%. L'augmentation de 3% de la facture d'électricité et du gaz en février explique pour sa part le renchérissement de 2,2% du prix de l'énergie par rapport au mois précédent. A la fin des deux premiers mois de l'année, l'acquis d'inflation pour 2008 ressort à 3,2% ». Un petit chiffre que devra pourtant, d'après les spécialistes, traîner le conjoncture économique tunisienne, durant toute cette année et devrait impacter le résultat annuel final de l'inflation qui devrait rester au dessus de la barre des 4 % !
Un Dinar en perte de vitesse de 4,2 % par rapport à l'euro en 2 mois !
S'agissant de l'évolution de la valeur du dinar tunisien sur le marché des changes, la BCT indique que «depuis le début de l'année et jusqu'au 25 mars courant, elle a enregistré une appréciation de 4,2% par rapport au dollar américain et une baisse de 1,2% vis-à-vis de l'euro » et termine par annoncer que «à la lumière de ces évolutions, le Conseil d'Administration a décidé de maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale, tout en insistant, de nouveau, sur la nécessité d'assurer un suivi continu de la conjoncture internationale et de ses éventuelles retombées sur l'évolution de l'économie nationale».
"source BCT"