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Le cas de Tahar Zarrad, cadre à la Caisse nationale de retraite et qui cherche depuis des années à voler de ses propres ailes et à créer son propre projet et donner ainsi de l’emploi aux autres, est presqu’emblématique des difficultés et du «parcours du combattant » dans lequel le système financier tunisien pousse à chaque fois tout nouveau promoteur qui essaierait de prendre à la lettre les différentes mesures annoncées par le Chef de l’Etat pour encourager la création d’entreprises.

Voici l’histoire de Tahar Zarrad tel qu’il la décrit : «Dans le cadre du programme de mise à niveau de l’industrie tunisienne et suite aux mesures d’encouragements prises par le Président le République pour la création des entreprises et de l’emploi,  j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai décidé de me lancer dans le domaine des affaires. Je me suis présenté au Centre de Soutien à la Création d’Entreprise (CSCE) au sein de l’API et j’ai consulté «la bible » des projets porteurs tels que définis par l’Etat tunisien. J’ai  choisie comme projet la réalisation d’une unité de conditionnement d’huile d’olive à l’exportation car je suis originaire de la région du Sahel tunisien où j’ai une exploitation agricole avec 3500 pieds d’oliviers.

Cherche-toi un autre projet !

Après avoir présenté mon idée au CSCE et après un entretien avec des experts du PMI (Programme de Modernisation de l’Industrie), mon projet a été retenu et j’ai bénéficié d’une étude de faisabilité par le même PMI. L’étude a été élaborée par deux experts, un local et un international. J’ai attendu une année et demie pour avoir cette étude entre mes mains et pour pouvoir contacter les banques de la place. Le principal obstacle rencontré dans cette course au financement, est qu’il faut absolument avoir l’accord de la  BFPME (Banque de Financement des PME) pour avoir  l’accord de garanti de la Sotugar (Société tunisienne de garantie organisme public créé pour éviter aux banque de demander les garanties réelles) en faveur de mon projet. A la BFPME, il faut avoir des lettres d’intentions d’exportation d’huile d’olive, des documents que j’ai fournis et j’ai obtenu l’accord de financement de cette banque (NDLR : la BFPME ne finance que 50 % du projet, le reste doit être du ressort des banques commerciales).

J’ai alors déposé trois dossiers dans des banques étatiques car les autres banques ne soutiennent pas la politique de l’Etat dans les domaines des investissements et des créations des entreprises. J’ai ainsi déposé une à la STB (Société Tunisienne de Banque), une autre à la BNA (Banque Nationale Agricole) et une dernière auprès de la BH (Banque de l’Habitat).

Pour la STB ou j’ai pris rendez vous avec le secrétaire général et des directeurs centraux. La réponse a été que «notre banque ne finance pas ce type de projet et même si on a déjà financé ce genre de projets, il faut être un client de notre banque pour que le responsable te connaisse, car on a un contentieux volumineux avec les huileries». Je leur ai expliqué que mon projet est élaboré avec l’appui d’organismes sous le contrôle de l’Etat et qu’il a le privilège du financement par une banque publique. Vainement, et la réponse était que je «cherches un autre projet » !

Les garanties réelles ou va voir ailleurs !

Même langage à la BNA, celui d’un contentieux plus important avec les entreprises de ce secteur, qui  explique selon eux le refus de financement de la banque. Je leur propose alors de reprendre une unité de trituration d’occasion de chez eux. Le chargé des crédits m’adresse alors à la direction juridique. Là, je découvre que l’alibi du contentieux n’était en fait qu’une excuse pour ne pas donner de financement. «On n’a pas de contentieux avec ce secteur, même s’il paye en retard » me précise-t-on à la direction juridique de la BNA. En attendant, l’investisseur que je suis, n’a toujours rien.

Chez la BH, on me répond que mon projet représente «trop de risque car vous n’avez pas d’expérience dans le domaine de l’exportation de l’huile d’olive». J’ai leur expliqué que c’est moi qui prend les risques et que je dois pour cela quitter mon travail en tant qu’attaché d’administration à la CNRPS et que j’ai des lettres d’intentions d’importateurs étrangers pour l’huile d’olive et que même l’expert étranger est prêt pour me soutenir et me  conseiller et que le plus important est que l’Etat est prêt à prendre ce risque avec moi en m’accordant le financement de la BFPME, que de toutes les façons je vais engager des agents qualifiés  pour cette tâche et que je suis prêt à renoncer à  la subvention pour la banque qui me finance qui pourra ainsi commencer à récupérer son argent et être remboursée au bout d’un an au maximum . La réponse ne tarde pas et reste invariable dans son caractère négatif. «Si tu tiens à ton projet, il nous faut des garanties réelles ». Je leur ai demandé alors : «et la Sotugar quel est son rôle alors ? ». S’engage ainsi un dialogue de sourds avec nos honorables banquiers qui nous disent qu’ils sont  entrain de soutenir la politique de notre gouvernement dans la création d’entreprise et d’emploi, mais dont l’unique vrai souci reste la garantie réelle ».
"source A.M le 06.10.2008"

Tag(s) : #articles de presse
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